Que cesse cette torture
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Que cesse cette torture
Quelle est la différence entre Club-des-Pins en temps normal et Club-des-Pins pendant le Ramadan ? Aucune ! Ramadan ou pas, y a toujours une odeur de...
... fric qui plane sur ce lieu !
La journée ne pouvait pas mieux commencer. Il faisait beau sans que ce soit la grosse canicule. Malgré l’heure matinale, le soleil était déjà haut, mais il dardait moins que ces derniers jours. Je n’eus pas longtemps à attendre un autobus pour rejoindre le village et le marché. Ce qui, en soi, est rare à 7 heures du matin, en plein mois d’août. Le chauffeur du bus avait pris soin de le nettoyer avant d’entamer sa journée, ce qui nous a évités à nous, les rares passagers, d’avoir à supporter les odeurs et la crasse de la veille. Au bout de dix minutes d’un trajet sans histoires, le bus me déposa à proximité du marché. La plupart des marchands n’avaient pas encore ouvert — ce qui n’est pas étonnant un jour de Ramadan, à 7 heures 45 minutes — mais mon marchand, celui chez qui je vais habituellement était au poste, bien matinal, comme tous les matins. En mon for intérieur, je me dis : «La journée ne pouvait mieux commencer !» J’aurais dû interdire formellement à mon for intérieur de s’exprimer. J’aurais dû museler ce maudit for intérieur et ses bavardages. Car, dès que sa joviale sentence bénissant cette belle journée fut prononcée, tout se gâta ! Pour tout dire, ma journée s’en est trouvée complètement fichue. Pourquoi ? Pour quelle raison ? J’y viens ! Je fis mes emplettes chez mon marchand, les mis dans mon panier, demandais la douloureuse et payais sans broncher. Déjà acclimaté aux prix exorbitants de ce début de Ramadan, ce n’est pas la somme astronomique que j’ai déboursée qui m’a pourri la journée. Non ! C’est la phrase, cette phrase que le commerçant crut bon de rajouter en guise d’au revoir. Depuis qu’il me l’a assénée, elle hante mes oreilles et me soulève le cœur, des heures après : «Saha f’tourek, aâmou !» Ya bouguelb ! Comment peut-on souhaiter une bonne rupture du jeûne à 7 heures 58 minutes, alors que même le soleil baille encore et se traîne dans sa course au zénith ? Ya fettah ! Ya rezzak ! Mais mon ami, le f’tour, c’est ce soir, à 19 heures 30 minutes passées. Pas aux aurores ! Même s’il me répugne d’utiliser le canal du journal pour des commodités personnelles, j’implore, je supplie mes sœurs et frères jeûneurs de ne pas me souhaiter «saha f’tourek à 7 heures du mat». Allah Yarham babakoum, pas de ça. Parce qu’à chaque «saha f’tourek» lancé tôt le matin, l’odeur de la chorba de la veille remonte aussitôt à mes narines. Dîtes-moi bonjour. Dîtes-moi au revoir. Dîtes-le en arabe, en tamazight, en français, en peuhl, en javanais ou en verlan. A la limite, ne me dîtes rien ! Mais, surtout pas de «saha f’tourek» au lever du soleil. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le soir D'Algerie
... fric qui plane sur ce lieu !
La journée ne pouvait pas mieux commencer. Il faisait beau sans que ce soit la grosse canicule. Malgré l’heure matinale, le soleil était déjà haut, mais il dardait moins que ces derniers jours. Je n’eus pas longtemps à attendre un autobus pour rejoindre le village et le marché. Ce qui, en soi, est rare à 7 heures du matin, en plein mois d’août. Le chauffeur du bus avait pris soin de le nettoyer avant d’entamer sa journée, ce qui nous a évités à nous, les rares passagers, d’avoir à supporter les odeurs et la crasse de la veille. Au bout de dix minutes d’un trajet sans histoires, le bus me déposa à proximité du marché. La plupart des marchands n’avaient pas encore ouvert — ce qui n’est pas étonnant un jour de Ramadan, à 7 heures 45 minutes — mais mon marchand, celui chez qui je vais habituellement était au poste, bien matinal, comme tous les matins. En mon for intérieur, je me dis : «La journée ne pouvait mieux commencer !» J’aurais dû interdire formellement à mon for intérieur de s’exprimer. J’aurais dû museler ce maudit for intérieur et ses bavardages. Car, dès que sa joviale sentence bénissant cette belle journée fut prononcée, tout se gâta ! Pour tout dire, ma journée s’en est trouvée complètement fichue. Pourquoi ? Pour quelle raison ? J’y viens ! Je fis mes emplettes chez mon marchand, les mis dans mon panier, demandais la douloureuse et payais sans broncher. Déjà acclimaté aux prix exorbitants de ce début de Ramadan, ce n’est pas la somme astronomique que j’ai déboursée qui m’a pourri la journée. Non ! C’est la phrase, cette phrase que le commerçant crut bon de rajouter en guise d’au revoir. Depuis qu’il me l’a assénée, elle hante mes oreilles et me soulève le cœur, des heures après : «Saha f’tourek, aâmou !» Ya bouguelb ! Comment peut-on souhaiter une bonne rupture du jeûne à 7 heures 58 minutes, alors que même le soleil baille encore et se traîne dans sa course au zénith ? Ya fettah ! Ya rezzak ! Mais mon ami, le f’tour, c’est ce soir, à 19 heures 30 minutes passées. Pas aux aurores ! Même s’il me répugne d’utiliser le canal du journal pour des commodités personnelles, j’implore, je supplie mes sœurs et frères jeûneurs de ne pas me souhaiter «saha f’tourek à 7 heures du mat». Allah Yarham babakoum, pas de ça. Parce qu’à chaque «saha f’tourek» lancé tôt le matin, l’odeur de la chorba de la veille remonte aussitôt à mes narines. Dîtes-moi bonjour. Dîtes-moi au revoir. Dîtes-le en arabe, en tamazight, en français, en peuhl, en javanais ou en verlan. A la limite, ne me dîtes rien ! Mais, surtout pas de «saha f’tourek» au lever du soleil. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le soir D'Algerie
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