une ecrivain née a ain mlila

من طرف moh larbi benmhidi² 2007-12-18, 23:23

Jeanne Benameur Lecture biographique de Xavier Houssin

«Il vous naît un poisson qui se met à tourner/ Tout de suite au plus noir d’une lame profonde,/ Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,/ Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux/ Que ses soeurs de la nuit, les étoiles muettes. »

Pourquoi lier ainsi Les Amis inconnus de Jules Supervielle à Présent ?, le tout dernier roman de Jeanne Benameur ? Les mots ont leurs envols, leurs longues migrations. ? peine l’on pressent les contrées qu’ils traversent, les haltes où ils se posent. Froissement de lettres, bruissement des syllabes. Venus d’instants lointains, voilà qu’ils nous habitent de nouveaux paysages. C’est comme ça simplement. Rien à vraiment comprendre. Mystère de la lecture. Jeanne Benameur est de ces auteurs d’associations libres, de rêverie à gué. Et c’est tout naturel d’associer ses mots aux scansions d’un poème. Ce qui lui correspond, instinctivement, elle l’entoure, elle l’agrège. Elle fait corps à sa friche, Jeanne.

« Il vous naît... »On se naît à soi-même. Il faut remonter loin pour trouver les ferments.

Tout se joue tellement vite. Les images se gravent. Les émotions s’impriment à longs traits inversés.

Elle est née à Aïn M’Lila près de Constantine. Le nom signifie « la source de la nuit ». Elle y restera peu. Quelques semaines à peine. La famille part pour Tebessa, dans le sud algérien contre la frontière tunisienne. D’une prison l’autre, car son père est directeur de centres pénitentiaires. Clés et trousseaux. Portes à judas. Chemin de ronde. C’est le début des « événements d’Algérie ». Parce que le père a refusé de livrer des détenus pour la sinistre « corvée de bois », un de ces groupes qui constitueront

plus tard l’OAS attaque la prison dans la soirée. Les coups de feu claquent. Les balles sifflent. Les hurlements montent. Les bêtes sont lâchées. Jeanne a cinq ans. « Je n’avais pas les mots pour en parler après, mais c’est resté vivant dans le corps », dit-elle. Et elle ajoute en miroir : « J’ai appris à mourir ».....