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Illusions perdues et espoirs des femmes Par Baya Gacemi

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03052010

مُساهمة 

Illusions perdues et espoirs des femmes Par Baya Gacemi Empty Illusions perdues et espoirs des femmes Par Baya Gacemi




Mère Algérie a enfanté aussi de grandes dames et Baya Gacemi, grande journaliste, était l'une d'entre elles. Repose en Paix Baya et soit certaine que nos filles qui poussent le zèle de vanter les vertus de l'obscurantisme découvriront bien tôt leur erreur. Ta lutte n'a pas été vaine......
Entre l’Algérie et ses femmes, le malentendu n’a jamais cessé. Elles avaient pourtant été, dans les années 50 et 60, aux avant-postes de la lutte de libération. Mais la relative liberté des « soeurs », célébrées pour avoir « combattu comme des hommes », ne dura guère. En 1972, le couvercle retombait déjà : le Code de la famille menaçait d’officialiser la tutelle masculine. Il fallut une ample mobilisation féminine pour faire reculer provisoirement le Conseil de la révolution. Depuis le début des années 80, les tenants de la société patriarcale ont reçu le renfort massif des mouvements islamistes. L’affrontement est devenu sanglant. Malika raconte.

Par Baya Gacemi

» AVANT, il y avait ma mère. Après, il y aura mes filles. Moi, je ne suis qu’une transition vite passée. Les femmes de ma génération croyaient avoir ouvert la voie à celles qui allaient suivre. Nous nous sommes trompées. En trois générations, trois visions du monde se sont succédé. » Malika n’est ni blasée ni déçue. Elle se dit seulement, « un peu prise de court », surtout depuis que sa fille aînée s’est plongée, voici trois ans, dans la prière. « Je sais que je ne peux pas mettre cela uniquement sur le compte d’une crise mystique par laquelle passent souvent les adolescents, avoue-t-elle. Je sais qu’il y a autre chose. » Un jour, sa fille lui a lancé : « Tu crois être une authentique Algérienne alors que tu n’es que la mauvaise copie d’une Européenne. » Depuis, elle essaie de comprendre. Pour elle, les femmes devaient suivre son propre parcours, c’est-à-dire les études, puis le travail, préalable à une émancipation totale. Il n’était surtout pas question de porter le voile, ce « symbole de la répression patriarcale », comme elle le qualifie. Personne n’y pensait d’ailleurs.
En voyant ses filles évoluer, Malika se rend compte que la réalité ne correspond pas à ses rêves. « J’avais sous-estimé les pesanteurs culturelles », admet-elle, avant de souligner l’un des effets pervers de la crise économique sur la société et surtout sur les femmes : « N’ayant plus rien à obtenir de l’Etat, la population se retourne contre lui et, lui reprochant ses choix, elle se referme sur le seul bien qu’elle est sûre de posséder encore : ses valeurs ancestrales. »
Cheveux courts, vive et l’allure sportive, Malika travaille dans une entreprise publique. Elle affirme n’avoir pas, en règle générale, souffert de discrimination sexiste dans sa vie professionnelle, mais reconnaît que son statut de cadre, son apparence énergique et son absence de timidité l’ont bien aidée... Née quelques années avant l’indépendance dans un milieu défavorisé, elle estime, à quarante-quatre ans, avoir eu plutôt de la chance et avoir bien rempli sa vie. De son père, ouvrier dans une usine, ne sachant ni lire ni écrire, ce qui ne l’empêchait pas d’être un syndicaliste actif, elle a gardé des convictions et un parler franc.
Divorcée, mère de deux filles âgées de dix-sept et quatorze ans, intelligente et à l’écoute des autres, elle se fait cependant un reproche majeur : de n’avoir pas anticipé une évolution qui s’est opérée sous ses yeux. « Ma mère, analphabète, avait tout misé sur l’école. Pour elle, le salut des femmes devait venir de l’éducation et... de Boumediène. » Pas de doute à l’époque sur le sens de l’histoire, qui allait vers une libération totale des femmes.
A l’indépendance, Malika avait dix ans. Dans sa petite ville côtière de l’Est algérien, Skikda, ses parents lui disaient, en regardant partir les bateaux remplis de pieds-noirs : « C’est vous, nos enfants, qui les remplacerez. Notre pays nous appartient maintenant. Et nos filles travailleront avec leurs frères pour le construire. »
Les choses n’ont bien sûr pas toujours été aussi faciles, mais Malika ne garde pas, dans l’ensemble, de mauvais souvenirs de toutes ces années-là, bien au contraire. Ingénieur en informatique, elle a bénéficié d’une bourse, comme tous les bacheliers de l’époque. La révolution agraire a été pour elle une autre école de volontariat et de dévouement. « Les universitaires devaient aider les paysans analphabètes. On était sincère... Oui, le volontariat dans les campagnes permettait aux étudiants, filles et garçons, réunis autour de la même cause, de connaître une fraternité qu’ils ne pouvaient connaître ailleurs. » Et les parents ne trouvaient rien à redire à cette promiscuité entre filles et garçons. « Le plus étonnant a été l’attitude de nos mères. Très traditionnelles, elles ont procédé sans le savoir, et très vite, à un bouleversement total de leurs mentalités. Elles ont accepté pour leurs filles des choses qu’elles ne se seraient pas permises pour elles-mêmes. Même si, à la maison, certains tabous demeuraient très forts. »
La mère de Malika avait une idée bien précise de ce que devait être la femme du futur : sans voile, instruite et travailleuse. L’enseignement généralisé permettrait d’arrimer l’Algérie au vaisseau Europe. Cette école allait aider les filles à sortir du carcan familial, à se débarrasser du poids de traditions, à s’émanciper pour devenir des adultes responsables et maîtresses de leur sort. « Aujourd’hui, lorsque j’entends certains affirmer que c’est l’école qui a engendré l’intégrisme, j’avoue que je suis un peu perplexe. »
Pourtant, des signes inquiétants étaient déjà là. Les batailles - nombreuses et âpres - autour de l’élaboration d’un code de la famille en étaient les plus visibles. Mais qui, en ces années d’après l’indépendance, aurait pensé à s’alarmer, alors que l’on continuait de proclamer de grands idéaux révolutionnaires et des principes d’égalité et de progrès ? Malika, comme la plupart de ses amies, suivait les débats épisodiques autour du statut de la femme d’une oreille distraite. Pour elle, les pressions des traditionalistes n’étaient rien d’autre que « des incursions sans importance dans une histoire qui suivait imperturbablement son cours ».
La première alerte sérieuse est venue en 1972. Cette année-là, un code de la famille a été présenté au Conseil de la révolution, la seule instance dirigeante à cette époque. Il renforçait et codifiait les coutumes d’une société profondément patriarcale, officialisait la tutelle de l’homme sur la femme, considérée comme mineure du berceau au tombeau. Le contrat de mariage, par exemple, ne pouvait être conclu qu’entre l’époux et le tuteur de l’épouse, c’est-à- dire le père de la jeune fille, ou bien l’un de ses oncles, ou son frère (peu importe qu’il soit plus jeune qu’elle), ou encore, en l’absence d’un parent masculin, un juge. En cas de divorce, la femme se voyait dépossédée de tout, de son domicile d’abord, de la tutelle parentale ensuite, même dans le cas où les enfants lui étaient confiés... Il s’en est fallu de peu que ce texte, très rétrograde, soit adopté. Une levée de boucliers réussit à faire avorter ce projet qui menaçait d’entériner légalement la situation tragique dans laquelle beaucoup de femmes se trouvaient déjà plongées, de fait. Regroupées autour des moudjahidates (combattantes de la guerre de libération, dont l’aura était encore intacte) et de l’Union nationale des femmes algériennes (UNFA, liée au FLN mais largement influencée à l’époque par des militantes communistes), universitaires, salariées et syndicalistes se mobilisèrent en effet énergiquement. Elles organisèrent de nombreuses manifestations, en particulier devant le palais du gouvernement, avec un slogan : « Pour une citoyenneté entière » et un argument : le rappel à leurs anciens compagnons de combat qu’elles avaient porté les armes comme eux, qu’elles s’étaient sacrifiées, comme eux. Mais la plupart des moudjahidins répondirent que les femmes seraient aussi bien à la maison, avec une pension, pour élever les enfants, maintenant que le pays était libéré.
En l’absence de Parlement, il ne fut cependant pas trop difficile de faire reculer le Conseil de la révolution. Celui-ci puisait sa légitimité dans la guerre de libération et n’avait pas intérêt à s’aliéner les représentantes d’une partie de la population féminine, ses héroïnes surtout. Il continua donc, comme par le passé, à rendre régulièrement hommage au courage de ses « soeurs » qui avaient combattu « comme des hommes », les armes à la main (ce qui ne l’empêchait pas de n’avoir intégré aucune femme en son sein...). S’il résista un certain temps aux coups de boutoir des traditionalistes, le Conseil de la révolution se montra moins ferme au fil des ans, surtout quand il eut besoin d’eux pour faire passer certains projets (en particulier la réforme agraire en 1974).
Lorsque les premières manifestations d’islamistes ont éclaté, en 1975, Malika était étudiante et elle n’y a pas prêté attention. « Ils ne pouvaient pas nous faire peur, ils allaient à contre-sens de l’histoire. » Sa mère, une femme pieuse pourtant, était, pour sa part, plus inquiète et plus sévère. Elle, qui ne savait même pas lire et avait toujours été confinée à la maison, voyait d’un mauvais oeil ces jeunes gens agressifs qu’elle accusait de vouloir « nous ramener à l’âge de pierre ».

Un dossier « secondaire »

CE n’est qu’au début des années 80 que la pression est devenue vraiment très forte et qu’il a bien fallu ouvrir les yeux. En mars 1980, Malika s’en souvient, les islamistes ont organisé la première marche de leur histoire, et réussi à rassembler 5 000 partisans devant l’université d’Alger. Presque aussitôt après sont nées dans les universités les premières associations féministes, profitant de l’ouverture politique amorcée par le président Chadli Bendjedid. Mais ces mouvements n’ont pas réussi à s’implanter en dehors des grandes villes, en dépit de leurs efforts. L’analphabétisme - qui fait un retour en force dans le pays depuis une dizaine d’années et touche plus de 40 % de la population - y est assurément pour quelque chose.
Le véritable choc allait venir quatre ans plus tard, en 1984, avec l’adoption du code de la famille. « Toutes les clauses les plus injustes, celles qu’on avait réussi à repousser en 1972 comme la polygamie, la question du demi-héritage pour les femmes, et surtout la soumission totale de la femme à son tuteur... tout cela se voyait légalisé. Et ça l’était en contradiction totale avec la Constitution, qui, elle, est très égalitaire. » De ce qu’elle a vécu comme un traumatisme, Malika s’efforce cependant de tirer un aspect positif : « Ça nous a obligées à perdre nos illusions et à reprendre nos esprits. On a compris que la lutte devrait se faire en profondeur et qu’il ne faudrait plus compter sur le pouvoir, quel qu’il soit, pour apporter des changements. C’était de la base, et des femmes elles-mêmes, qu’il fallait espérer quelque chose. » Malika s’était promis que ses filles, Lamia et Nadia, seraient plus libres qu’elle ne l’avait été et qu’elles auraient tous les droits dont elle-même - pourtant privilégiée - avait été frustrée. Le droit d’avoir une vie privée, surtout. Que ses filles n’aient plus à lutter contre la famille à la maison, et contre la société à l’extérieur, c’était son voeu le plus profond, et il lui paraissait évident que ses enfants non seulement partageraient cette aspiration, mais lui en seraient reconnaissantes.
Alors, quand Lamia, sa fille aînée - qui veut devenir architecte - lui renvoie à la figure ses idées « décadentes et anti-musulmanes », Malika n’en revient pas et elle se sent profondément déstabilisée. La mère et la fille ont l’impression de ne pas parler le même langage. « Maman croit que, pour être moderne, il faut lui ressembler, s’irrite de son côté la jeune fille. Se demande-t-elle seulement pourquoi elle refuse, elle, de ressembler à sa propre mère ? S’est-elle seulement demandé ce qu’est la modernité ? »
Sans trop y croire, Malika suit les quelques initiatives prises de temps à autre, ici et là, en faveur des femmes. A l’initiative d’une journaliste, Mina Zerrouk, et de son association « Femmes en communication », a été lancée, en février dernier une pétition prudemment intitulée : « Un million de signatures pour le droit des femmes dans la famille. » En dépit de l’appel publié avec insistance, tous les jours dans différents journaux, on est loin du million espéré...
Cette initiative n’a pas manqué de déclencher une surenchère immédiate de la section femmes du Mouvement de la société pour la paix (MSP) de M. Mahfoud Nahnah... Ce parti, qui se définit comme islamiste modéré et qui compte 17 % de femmes au sein de son conseil de direction, a menacé de lancer une pétition destinée à recueillir trois millions de signatures, « pour que les femmes algériennes retrouvent leur dignité de musulmanes »... Maintenant que le MSP participe au gouvernement, qu’il est présent en nombre important au Parlement et que les différents élus islamistes forment presque le tiers de l’Assemblée, il est clair qu’il ne faut pas s’attendre à de grands bouleversements dans le code de la famille. La balance penchant nettement en faveur des conservateurs - parmi lesquels il faut compter des courants qui ne se réclament pas forcément de l’islamisme -, aucun gouvernement ne se risquerait à ouvrir un front supplémentaire, avec la crise violente qui secoue déjà le pays. Il s’y risquerait d’autant moins sur la question des droits des femmes que ce dossier reste, malgré tout, perçu comme secondaire.
Depuis que la violence a fait irruption dans le paysage politique algérien, toute autre préoccupation se voit reléguée à l’arrière-plan. D’ailleurs, parmi la dizaine de partis politiques présents au Parlement, seul le Front des forces socialistes (FFS) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) demandent l’abrogation totale du code de la famille.
Si tout reste à faire sur le plan juridique pour les femmes, certaines avancées ont lieu sur le terrain, même si elles passent inaperçues à l’extérieur du pays. Des espaces de liberté sont conquis, de façon probablement irréversible. C’est ainsi que le travail des femmes, à l’extérieur ou à domicile, est entré dans les moeurs et qu’il n’est plus perçu comme exceptionnel ou marginal. Détail significatif : les cafés et les commerces tenus par des femmes (jeunes et moins jeunes) se multiplient - un phénomène impensable il y a encore cinq ans.

Entre « hidjab » et « modernité »

LA détérioration grandissante de la situation économique pousse de plus en plus de femmes sur le marché de l’emploi. La proportion de travailleuses est ainsi passée d’environ 8 % en 1987 à près de 14 % à présent. Plutôt que de se plaindre de la dureté de leurs journées, la quasi-totalité d’entre elles soulignent le poids grandissant acquis au sein de leurs familles, qu’elles soient mariées ou non. « On a notre mot à dire maintenant, pour toutes les décisions importantes, puisque bien souvent c’est nous qui rapportons de l’argent à nos frères, à nos pères, ou à nos maris. Eux traînent dans les rues à discuter, nous, on s’active. On se sent beaucoup moins vulnérables. » Il convient donc, plus que jamais, de ne pas se fier aux apparences. Contrairement à il y a vingt ans, beaucoup de celles qui travaillent n’ont plus honte de porter le voile. La plupart le font parce que le hidjab cache leur misère, et parce qu’il leur permet de passer inaperçues dans les rues, donc d’être moins importunées. Elles ne s’en déclarent pas moins « modernes » pour autant.
« Il faudrait savoir une bonne fois pour toutes ce qu’est la modernité », lance Lamia, qui a, pour l’instant, renoncé à porter le voile, au grand soulagement de sa mère. « Si j’ai fait ce choix, il ne faut surtout pas croire que j’ai abandonné ma recherche d’authenticité, précise la jeune fille, s’interrogeant tout haut sur les multiples contradictions qui la tenaillent, comme toutes les adolescentes de son âge. C’est tout simplement que je ne suis pas sûre que le voile soit la bonne réponse. En fait, je n’ai pas envie qu’il manque une dimension à ma personnalité... »
Si elle avait eu l’âge requis le 5 juin dernier, Lamia aurait voté aux élections législatives. Elle ne sait pas très bien pour qui, mais en tout cas, souligne-t-elle, « je n’aurais voté ni pour le MSP ni pour Ennahdha, les deux partis islamistes ». Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle se méfie de tous les hommes politiques, « même s’ils se réclament de l’islam », dit-elle. « L’islam, c’est une culture, ce n’est pas une politique, ajoute-t-elle avec véhémence. Si être moderne, c’est avoir une place dans la société, rien ne m’en empêche. Je suis convaincue, contrairement à ma mère, que ma personnalité reste à trouver. Elle croit que je cherche à la contredire à tout prix, mais ce n’est pas vrai. Je cherche ma voie, et je sais que je la trouverai, quelque part entre la sienne et celle de ces femmes qui appliquent à la lettre ce que disent les dirigeants islamistes. Eux ne font que de la politique. »

Baya Gacemi.

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